Éducation Thérapeutique du Patient: une nouvelle pratique pour les soignants
Être malade veut aussi dire « être en bonne santé avec une maladie ». Le patient doit chercher une nouvelle normalité. Face à sa révolte, le soignant a tendance à minimiser, à banaliser, ce qui aggrave la situation: « ne vous en faîtes pas; ce n’est pas grave ». Il est important d’écouter la révolte du patient avec empathie et compassion.
Le soignant devient un négociateur sur le traitement; il peut faire réfléchir le patient à: « ne rien faire » – ne pas changer de comportement ou de traitement; sur les avantages et désavantages de changer; demander d’évaluer l’importance de chaque argument avec une note de 0 à 10.
Ces exercices permettent d’éviter l’erreur habituelle d’engager l’action du changement alors que le patient n’est pas prêt, encore en phase de contemplation (80% des patients sont dans ce stade). Pour évaluer la situation du moment, on demande aux patients d’attribuer un score d’importance au changement, à la confiance en eux, et à la certitude de tenir, sur une échelle de 0 à 10.
Objectifs fixés par le soigné et le soignant
Les objectifs doivent être SMART:
S) Spécifiques: je vais marcher cette semaine
M) Mesurable: je ferai une séance cardio de 90 minutes cette semaine
A) Atteignable: est-ce que je peux me voir faire cela?
R) Récompense: physique, psychique, sociale
T) Type: centré sur le processus « comment faire? »
La rechute fait partie du processus de changement. Il vaut mieux en parler assez tôt: en l’anticipant, le patient abandonne moins souvent après l’occurence.
Adapter le traitement à la personnalité du patient
Faites faire au patient le test Persona de C. Jung pour la découvrir.
Les programmes plus strictes sont mieux appropriés pour les promouvants et les contrôlants; les programmes plus flexibles pour les facilitants et les analysants.
Voyez sur ce lien les régimes les plus appropriés selon la personnalité.
Découvrez sur ce lien les 6 axes de travail d’un contenu ETP sur l’obésité.
Diagnostic « Éducatif » (vs médical)
Le diagnostic éducatif (de l’approche ETP) sert à révéler la problématique de la personne, au lieu d’un diagnostic de maladie.
Le « diagnostic médical » recueille les symptômes d’une maladie avec des questions fermées, des réponses brèves et précises, selon la préexistence des signes recherchés et d’algorithmes, qui induisent la méthode de questionnement.
Le diagnostic éducatif n’a pas d’algorithme et va rechercher avec des questions ouvertes une démarche de co-construction de plus en plus riche.
Questions pour un Diagnostic « Éducatif »
Exemples:
1) connaissances: qu’est-ce que vous savez de votre maladie?
2) conception: que veut-dire pour vous cette maladie?
3) compétences: savez-vous faire ce traitement?
4) vécu: avez-vous des difficultés/ des peurs?
5) compréhension/sens: comment expliquez-vous cette maladie? Pourquoi vous et pas un autre?
6) besoin: de quoi avez-vous besoin aujourd’hui?
7) famille: comment votre famille réagit-elle?
8) auto-efficacité: comment faites-vous face à une crise?
Exemples pour un diagnostic éducatif bio-psycho-social:
1) bio-clinique: qu’est-ce qu’il a?
2) socio-professionnel: que fait-il?
3) psycho-affectif: qui est-il?
4) cognitif: que sait-il?
5) motivationnel: quel est son projet?